Rhinopneumonie équine: pas de panique !
C’était «le» sujet de préoccupation dans tous les esprits ces deniers jours: sommes-nous menacés par une épidémie de rhinopneumonie équine et en qui consiste exactement cette maladie inquiétante ?
Une mise au point s’imposait indiscutablement. Véronique Bodart de la Confédération Wallonie-Bruxelles du Cheval se veut rassurante. Elle nous communique en effet les informations suivantes:
«Jeudi 10 mars en soirée, une conférence à l’intention des vétérinaires équins était donnée par quelques spécialistes belges de ce virus (Etienne Thiry, Professeur de virologie, Hélène Amory, clinique vétérinaire de l’Ulg, Annick Gryspeerdt de l’Equi Focus Point Belgium).
Voici, en quelques lignes, les points importants que j’ai retenus de cette conférence, portant sur les virus EHV4 et surtout EHV1:
- Il n’y a aucune raison de paniquer : la plupart des chevaux en Belgique sont déjà porteurs de ce type de virus, il ne s’agit pas du tout d’un nouveau virus
- Les 2 formes du virus (EHV1 et EHV4) donnent des symptômes respiratoires (rhinopneumonie) ; par contre, les cas d’avortements ou de troubles neurologiques sont en général liés au EHV-1 ;
- On parle davantage de ce virus actuellement parce qu’il est plus recherché depuis quelques années, surtout depuis que Equi Focus Point a été créé ; Equi Focus Point Belgium est un point de contact qui répertorie les cas de maladies contagieuses à déclaration non obligatoire chez les chevaux (destiné aux vétérinaires équins)
- En Wallonie, le nombre de cas déclarés reste très faible (quelques cas par an), contrairement à la Flandre qui semble davantage touchée par ce virus
- Il s’agit d’un virus peu résistant dans le milieu extérieur. Des mesures d’hygiène correctes ont été mises en place dans l’exploitation d’Habay-la-Neuve, touchée récemment par ce virus, pour éviter que le virus ne sorte de l’exploitation ; le virus ne se transmet de cheval à cheval qu’à une distance de 5 mètres maximum ; il ne devrait donc pas se propager à d’autres exploitations proches
- Une fois qu’un cheval a été en contact avec le virus, il reste porteur à vie ; il est donc toujours possible qu’un cheval se remette tout à coup à excréter le virus suite à une baisse de fonctionnement de son système immunitaire ; ce qui signifie que l’apparition de symptômes n’est pas nécessairement liée à l’arrivée d’un nouveau cheval dans l’exploitation ;
- Il est conseillé de vacciner tous les chevaux et ânes contre ce virus, d’autant plus s’ils sont amenés à participer à des rassemblements ou s’ils vivent en groupes
- Il est important que le protocole de vaccination soit respecté pour que les chevaux soient correctement protégés :
- poulains : primo-vaccination du poulain vers 5-6 mois : 2 injections à 4-6 semaines d’intervalle
rappel : tous les 6 mois
si un rappel a été oublié, la primo-vaccination doit être refaite en tout cas si le dernier rappel date de plus d’un an
- Juments gestantes : en plus du rappel habituel, vaccination au 5°, 7° et 9° mois de gestation
- Dans une exploitation où les chevaux sont vaccinés, le % de chevaux malades suite au contact avec le virus ne devrait pas dépasser 20% ; par contre, dans le cas d’une exploitation où les chevaux ne sont pas vaccinés, en moyenne 90% des chevaux présentent des symptômes
- En cas de suspicion, le vétérinaire peut faire une prise de sang pour faire rechercher le virus ; il est en tout cas nécessaire de faire cette recherche si des symptômes neurologiques apparaissent dans une exploitation alors que plusieurs chevaux ont présenté des symptômes respiratoires récemment
- Disponibilité du vaccin : les vaccins utilisés habituellement sont en rupture de stock pour l’instant en Belgique et dans d’autres pays (EQUIP EHV 1,4) ; par contre, l’Agence du médicament a autorisé exceptionnellement l’importation de 50.000 doses de vaccin Pneumabort-K, qui protège uniquement contre EHV1. Comme les quelques cas de rhinopneumonie déclarés en Wallonie cet hiver concernaient justement la forme EHV1, ce vaccin est donc conseillé en attendant que le vaccin habituel ne soit à nouveau disponible. Les premières doses de ce vaccin sont attendues en Belgique d’ici quelques jours. N’hésitez pas à en parler à votre vétérinaire…
En ce qui concerne le salon du cheval à Marche, il n’y a pas d’inquiétude particulière à avoir. L’apparition de nouveaux cas de rhinopneumonie en Wallonie reste rare, d’autant que le printemps approche et que ce virus est principalement rencontré en automne-hiver.»
Voilà qui méritait d’être dit.